Déjà au printemps 2010, le syndicat professionnel des médecins de prévention de La Poste décrivait « une situation alarmante » et demandait « d’engager des actions concrètes pour enrayer ce qui pourrait devenir un processus morbide ».
Rien, n’a été fait sinon de continuer à développer une politique faite de bouleversements brutaux et inédits des conditions de travail des postiers qui touche au sens de leur activité et qui provoque une explosion de la souffrance au travail.
Aujourd’hui, il n’y a de doute pour personne sur la nature professionnelle du mal-être ; c’est bien le travail et ses conditions d’exercice qui sont clairement responsables de la dégradation profonde des états de santé qui peuvent conduire jusqu’à la mort.
L’inspection du Travail ne s’y est d’ailleurs pas trompée, qui suite au suicide au centre financier de Paris, a conclu son enquête à une « faute caractérisée » des dirigeants de La POSTE, et mis en cause son Président pour ne pas avoir évalué les risques psychosociaux induits par les politiques de réorganisation, exposant ainsi les salariés à des risques d’une particulière gravité.
D’autre part, l’expertise sur les liens entre travail et santé réalisée par l’institut ISAST sur ce drame est édifiante quant à la manière dont les agents se sentent considérés.
Enfin, le jeune cadre supérieur qui s’est défenestré du dernier étage du bâtiment de la Direction de La Poste à Rennes a eu le courage de laisser une longue lettre dans laquelle il explique son "anxiété professionnelle" et son incapacité à vivre dans un "tel contexte opprimant".
Face à cette situation, après plusieurs jours de silence, le Président de La Poste déclare « ouvrir un cycle d’écoute et de dialogue sur la santé et le bien être au travail ».
Les postiers qui souffrent n’ont pas le temps d’attendre la fin de son cycle !
Ils ont besoin d’actes concrets en matière de prise en compte des revendications du personnel, pour l’installation dans les plus brefs délais d’un véritable dialogue social et pour la fin de la répression qu’ont à subir les représentants du personnel.
Le travail à La Poste doit retrouver tout son sens et sa fonction d’intégration de l’individu.
Oui, il est urgent de ré humaniser cette entreprise et de prendre des actes forts car le personnel est plongé dans un véritable phénomène global de souffrance au travail qui trouve son explication dans les résultats des comptes consolidés de 2011.
Les produits opérationnels du groupe franchissent pour la 1ère fois le cap de 21 milliards d’euros.
Le Résultat d’Exploitation atteint encore 670 millions d’euros soit 21 % de plus qu’en 2010 (voire hors dette grecque 931 millions d’euros).
Le résultat net du groupe augmente de 23 % pour atteindre les 661 millions d’euros (hors dette grecque).
Quant à l’Excédent Brut d’Exploitation, il dépasse les 2.1 milliards d’euros en progression de 3 %.
Ces résultats permettent de verser 136 millions d’euros de dividendes aux actionnaires que sont l’État et la CDC.
Des résultats en hausses obtenus notamment au prix de :
10 091 suppressions d’emplois en 2011 (unité temps complet) et donc bien plus en personnes physiques dans la maison mère. (il est vrai qu’à La Poste nous ne parlons pas de « plan social » au prétexte qu’il n’y a pas de licenciements secs comme n’est jamais abordée l’organisation du travail cause essentielle de la souffrance au travail qui ne cesse de croître dans cette entreprise).
une augmentation de 9 millions d’euros des provisions pour congés longue maladie et longue durée.
Les chiffres sont éloquents dans l’ensemble des métiers, y compris une fois encore au courrier, malgré les prévisions alarmistes sur la baisse des volumes. Voire de « belles performances commerciales » à La Banque Postale malgré la dette grecque qui plombe les résultats de 241 millions d’euros.
Des résultats financiers en hausse avec toujours plus de suppressions d’emplois et des drames qui se multiplient.
Ce n’est pas le projet purement dogmatique d’actionnariat salarié qui va à l’encontre de l’augmentation du pouvoir d’achat et des salaires, du développement de l’emploi et de l’amélioration du service public qui peut être une réponse aux situations difficiles que vivent les postiers.
Pour les administrateurs salariés CGT, il est temps de changer de politique.
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