Après avoir semé la terreur en Algérie l’OAS, organisation criminelle d’extrême droite, va étendre l’insécurité sur le territoire métropolitain.
Les attentats se développent et prennent de l’ampleur en novembre, décembre 1961, en janvier 1962.
Le 7 février 1962, dix attentats au plastic sont commis par l’OAS suscitant une profonde réprobation dans l’opinion publique.
Le 8 février 1962, à l’appel des UD CGT Seine et Seine et Oise, de l’Union Régionale CFTC, de l’UNEF, du SGEN, de la FEN de Seine et Oise, une manifestation est organisée avec le soutien du PCF, du PSU, des Jeunesses Communistes, des Jeunesses Socialistes Unifiées de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne et du Mouvement de la Paix.
Cette manifestation pacifique contre les attentats de l’OAS, la complicité du gouvernement et la poursuite de la guerre en Algérie est réprimée avec une violence terrible et meurtrière.
Neuf syndicalistes tombent sous les coups des forces de police placées sous l’autorité de Papon, Préfet de police et Frey, Ministre de l’intérieur ; des centaines d’autres sont gravement blessés.
Ainsi, Anne-Claude Godeau, Fanny Dewerpe, Suzanne Martorell, Daniel Fery, Jean-Pierre Bernard, Edouard Lemarchand, Hyppolite Pina, Maurice Pochard et Raymond Wintgens sont lâchement assassinés.
Le 13 février, un million de Parisiens leur rendant hommage au cours d’obsèques grandioses, de la République au Père Lachaise, élevait une protestation solennelle : paix en Algérie, droit du peuple algérien à son indépendance.
Le massacre de Charonne s’inscrit dans une période plus large de brutalités policières et de luttes contre la colonisation.
La plus sauvage des répressions est marquée par des dates :
Le 14 juillet 1953, sept manifestants dont 6 algériens sont tués par la police.
Le 17 octobre 1961, des milliers de manifestants algériens défilent pacifiquement à Paris, plusieurs centaines seront assassinés par la police de Papon.
Derrière les auteurs, n’y a-t-il pas des responsables à ce moment là aux plus hauts niveaux de l’Etat ?
Charonne va constituer un tournant, un basculement de l’opinion publique française qui va aboutir le 19 mars 1962 à la fin de la guerre et au 1er juillet 1962 à la proclamation de l’indépendance de l’Algérie.
En donnant leurs vies pour la justice, la liberté et la paix ces militants ont oeuvré pour que vivent toutes les valeurs du progrès social d’antiracisme, de solidarité.
Celles-ci sont pleinement d’actualité au moment où tant de peuples se révoltent et cherchent des voies nouvelles pour la démocratie et la coopération internationale, au moment où l’extrême droite en France et en Europe relève la tête de façon inquiétante.
En une période où le besoin d’histoire est si prégnant dans la société française, où est revendiquée une exigence de vérité, il n’est pas inutile de se souvenir, de s’indigner et d’agir.
Se souvenir pour honorer la mémoire de ses hommes et femmes, faisant le choix de surmonter leur peur pour refuser le colonialisme et proclamer leur attachement à la démocratie.
Agir pour exiger justice et vérité, reconnaissance par les plus hautes autorités de la France de ces crimes commis par l’Etat que furent le 17 octobre 1961 et Charonne le 8 février 1962.
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